Tâcher de faire attention ... [Lethicia]

Modératrice Humaine **Allis McFear**

-Noooooooooooooooooooooooooooooooon !!!!

Le long hurlement résonna un instant dans l'atelier d'Aarts vide de toute présence, ou presque, se heurtant aux quatres murs avant d'aller s'éteindre et se mêler au brouhahaha exétrieur en se jettant par la fenêtre. Allis se frappa le front de sa paume de main, dépitée, puis, jugeant ce gest encore trop gentil pour le désespoir qu'elle ressentait, elle claqua sa tête contre la table en bois peint, se redressant presque instantanément dans un "Aiiiiieeeeeeeeeeeeuh" témoignant du fait que, visiblement, cette fois si, elle y avait été trop fort.

En même temps, son geste était compréhensible, ou du moins, pouvait l'être, à la vue de l'immense coulée de peinture verte qui s'étalait lentement sur le peinture qui semblait achevée, sous les yeux désespérés d'Allis. Elle se surpris à maudir ce pot de peinture verte, vert pomme, difficile de le rater et pire, difficile de rattraper ce désastre. Elle maudit par le même coup son coude maladroit. Mais arrêta là sa liste, de peur d'en arriver à se maudire elle-même ("Non mais ça va pas la tête?!").

-Pourquoi c'est toujours à moi que ce genre de chose arrive ?

La rouquine murmura à peine sa plainte, se levant, saisissant avec hargne le maudit pot de peinture verte, et se traîna jusqu’aux robinets du fond de la salle. Elle lâcha le récipient de verre dans l'un deux, le laissa retomber violemment, au risque de se casser, après tout, ça ne serait que justice. Dans son élan, la jeune fille alluma d'un geste rapide l'eau, la faisant couler (trop vite et trop fort) dans le pot de peinture, approchant ses mains de celui-ci pour le nettoyer et retirer ce maudit vert pomme, vif, celui qu'on ne rate pas ... Grave erreur. Car, si l'eau était trop forte, elle projetta du liquide vert partout autour d'elle, dans le lavabo il va sans dire, mais également sur Allis, de plus en plus dépitée et affligée de cette maudite journée qui avait mal commencée et qui semblait bien partie pour finir tout aussi mal.

Elle éteignit lentement l'eau qui coulait, laissant sa tête retomber en avant, comme baissant les bras devant un obstacle insurmontable. D'abord sa peinture, maintenant ses vêtements, son visage, ses cheveux et en plus de ça, le robinet qui était lui aussi teinté de vert et qu'Allis allait devoir nettoyer lorsqu'elle se serait assez lamenté sur son pauvre sort et celui du dinosaure de sa peinture. Tous les peintres devaient-ils subir ça, ou était juste la continuelle malchance d'Allis McFear ? Et dire qu'en plus de cela, ses amies lui avait proposé d'aller se balader en ville, et qu'Allis avait gentiment décliné l'invitation pour pouvoir terminer son sujet dans les temps, pour une fois. Comme quoi ne pas s'y prendre au dernier moment n'était résolument pas une bonne chose, et encore moins pour miss McFear.

Soudain, la jeune fille releva la tête, passant ses mains sur son visage avant de remonter sur son front, puis son crâne, plaquant tous ses cheveux à celui-ci.

*Allez, courage ! Ne nous laissons pas abattre par un tout petit incident !*

Même si, en l'occurrence, l'incident n'était pas tout petit, et qu'elle venait de se repeindre le visage grâce à l'eau verte qui était encore sur ses mains, qu'Allis n'avait évidemment pas essuyée. Mais c'est pas grave ! Rien ne pouvait plus ébranler sa bonne humeur ! La jeune fille inspira profondément, s'attaquant au nettoyage du robinet. Elle s'activa, plus déterminée que jamais, et, lorsqu'elle eut enfin fini et qu'il ne resta plus une trace de vert dans le lavabo, elle se dirigea à nouveau vers sa peinture, qu'elle ne regarda même pas, la roulant en boule, consciente que si elle reposait les yeux sur son tableau, elle perdrait toute sa volonté et recommencerais à se lamenter. Dommage, elle n'était pas trop mal partie, sa peinture : un énorme dinosaure écrasant une ville en flamme. Allis en était très satisfaite. (Quel aurait donc été l'avis de son professeur, aux vus des affreux coup de la rouquine et de son talent quelque peu ... réduit, en matière de peinture ... ?) Tant pis !

Allis jeta la boule dégoulinante de peinture dans la poubelle, retournant s'asseoir à sa place, près de ses affaires, ressortant une feuille. Et alors qu'elle allait s'attaquer à une nouvelle oeuvre pour répondre au sujet qu'on leur avait donné, le bruit de la porte de l'atelier résonna à son tour dans la pièce. La jeune fille se tourna vers celle-ci, amorçant un grand et joyeux sourire. Mais se figea. Car les dernières minutes lui revenaient en tête. La peinture verte. Partout. Sur son visage. Dans ses cheveux. Sur ses vêtements. Absolument partout. Pas possible de la rater. Alors, Allis eut un réflexe rapide et saisit le premier objet qui lui tomba sous la main, son cahier de croquis, le plaquant devant son visage, histoire de garder en tant soit peu d’anonymat. Elle se pencha en avant, cachant ainsi aussi du mieux qu’elle pouvait et assez désespérément les tâches vertes qui maculaient son tee shirt. Et alors que la porte se refermait lentement, Allis n’espéra qu’une chose : que la personne qui l’avait ouvert soit repartie aussi vite qu’elle était arrivée.